“Zéro papier” : les documents de la classe

Le professeur, au moment de la préparation de son cours, récolte et sélectionne les ressources répondant à ses intentions pédagogiques. Le numérique l’aide à réaliser ses documents composites ou au contraire à proposer à ses élèves des documents sous leur forme originelle, dans leur intégrité et placés dans leur contexte.

De cette façon, il leur permet de développer des compétences utiles à l’apprentissage dans une société où l’information est à portée de clic. L’enseignant peut s’appuyer sur le manuel scolaire (papier ou numérique), les encyclopédies et les revues à sa disposition. Il peut également utiliser l’ensemble des ressources disponibles sur le Net de nature très variées (animations, infographie, texte, image, vidéo, schémas, tableaux, graphiques, fichiers son…)

Sur support papier comme sur le Web on trouve des contenus de qualité et de fiabilité très variables. La recherche de ressources valides est primordiale. Avec le numérique, une difficulté tient au fait que les ressources en ligne sont sans cesse en mouvement et qu’il faut pratiquer une veille régulière pour rester informé.

Ressources en ligne et validité

Pour faciliter ses recherches, l’enseignant peut utiliser l’un des nombreux annuaires qui proposent une présélection de ressources. Il privilégiera les annuaires institutionnels qui lui assureront une validation pédagogique et scientifique.

Le Ministère de l’éducation nationale (MEN-DEGESCO) et le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) ont ouvert récemment le site Eduthèque, un portail qui donne, gratuitement aux enseignants du premier et second degré, un accès à un ensemble de ressources numériques réutilisables à des fins pédagogiques. Dans ce contexte, les termes de la licence Creative Commons   « Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage à l’Identique 2.0 » autorisent la modification des ressources proposées.

À l’échelle des académies, les sites disciplinaires mettent à disposition des enseignants des ressources pédagogiques validées par les IA-IPR. Elles sont référencées au niveau national par les ÉDU’bases.

Le CRDP de l’académie de Créteil propose MaMédiathèque. Disponible pour le professeur et pour l’élève, en local ou en ligne, cette application est à la fois un portail et un bureau virtuel. Accessible à partir de n’importe quel ordinateur et bientôt de n’importe quel dispositif mobile   connecté à internet (tablette, smartphone  …), MaMédiathèque donne accès à une sélection de ressources disponibles en ligne mais également à celles installées sur l’appareil. Un système de filtres (selon la discipline, le niveau et les compétences visées) suggère les ressources les plus adaptées, en fonction des critères choisis. Son contenu peut être adapté selon les besoins de l’utilisateur, les références aux ressources pouvant être ajoutées ou cachées. Elles peuvent également être partagées au sein de la communauté éducative. Ainsi, avec Ma Médiathèque, le professeur documentaliste conserve son rôle central dans la présélection et la gestion des ressources de l’établissement. Le Centre de documentation et d’information (CDI) [1] reste un lieu privilégié pour l’accès aux ressources numériques et l’auto-formation, même si cette activité peut être déportée par l’intermédiaire des outils tels que Ma Médiathèque.

À la recherche d’une ressource, l’enseignant peut aussi simplement utiliser son moteur de recherche préféré. Bien que cette démarche semble rapide et facile, trouver la ressource adaptée, par cette méthode, n’est pas toujours aisée et peut prendre parfois du temps. Il peut alors se tourner vers ses collègues par le biais des listes de discussions, des forums et des réseaux sociaux auxquels il est inscrit… mais encore faut-il qu’il sache ce qu’il cherche précisément !

Les réseaux sociaux, et autres médias sociaux  , peuvent aussi être de formidables outils de veille. Il suffit d’avoir les bons “amis” ou de suivre les bons utilisateurs. Twitter et Facebook, pour les plus connus, permettent d’être informé en temps réel sur n’importe quel sujet. Des outils permettent de gérer et d’afficher dans un même espace les publications issues de plusieurs réseaux sociaux. C’est le cas, par exemple, de Hootsuite et de Flipboard. Ce dernier affiche, sous la forme d’un véritable magazine en ligne très esthétique, le contenu des réseaux sociaux et des magazines auxquels on a pu s’abonner. C’est aussi un outil de curation   car il est possible de sélectionner les informations pour les publier dans ses propres magazines (Exemple du flipboard des MédiaFICHES) [2].

Les réseaux sociaux posent la question de la validité des informations qui circulent. L’internaute doit rester vigilant et recouper ses sources. Des sites comme Hoaxbuster, se spécialisent dans la chasse aux canulars. Cependant il existe aussi une autorégulation et une forme de « validation entre pairs » au sein des réseaux sociaux, du fait du bouillonnement permanent qui y règne.

Si la validation de l’information et des ressources diffusées aux élèves doit toujours être présente à l’esprit, elle peut également en classe faire l’objet d’activités spécifiques, sous forme de travaux collaboratifs par exemple, pour développer l’esprit critique des élèves [3]. L’objectif est leur mise en autonomie afin qu’ils acquièrent de vraies compétences dans l’accès à l’information et l’appropriation des savoirs. Il s’agit là d’un enjeu de continuité scolaire et de préparation à leur orientation et formation professionnelle.

Partage des informations récoltées

Parmi les médias sociaux, de nombreux services en ligne de veille et de curation aideront l’enseignant dans sa quête de ressources, mais il peut également les utiliser pour trier et organiser ses propres références et informations afin de les diffuser à ses élèves. Il utilisera, en fonction de ses envies et des buts recherchés, Bookmarks, Symbaloo, Netvibes, Scoop it, Storify, Jogtheweb ou Pearltrees... L’organisation et les possibilités d’éditorialisation des ressources varient d’une application à l’autre. Si certaines laissent le choix à l’utilisateur (Netvibes), d’autres privilégient la chronologie (Jogtheweb, Storify), les thématiques (Bookmarks,Scoop it) ou la hiérarchie de l’information (comme Pearltrees qui organise les ressources à la manière d’une carte heuristique  ) [4].

Accessibles de n’importe quel appareil connecté à Internet, la plupart de ces applications propose une version pour appareils mobiles. Toutes ont une dimension sociale en permettant le partage, voire la collaboration. Ainsi une équipe d’enseignants peut constituer une banque de ressources utilisables à destination des élèves et réinventer ainsi le manuel de la classe [5]. Ces outils de veille et de curation autorisent, pour la plupart, les commentaires que cela soit par l’auteur (le « rédacteur en chef ») ou par les lecteurs.

D’autres outils permettent d’annoter et de commenter, directement en ligne, les pages du Web comme on pourrait le faire sur un livre avec un surligneur et des post-it. Avec Scrible, dont il existe une version pour l’éducation, et Diigo on peut ainsi se constituer une bibliothèque de pages web que l’on a annotées avec un ensemble de collaborateurs. Annotate it, lui, permet de laisser des traces sur le web sous forme de commentaires que les autres utilisateurs du service (les élèves par exemple) pourront voir quand ils consulteront ces mêmes pages.

Les services présentés ici sont également des outils de travail à destination des élèves. Ils peuvent s’en servir individuellement pour constituer leur bibliothèque personnelle de favoris. Ils peuvent aussi les utiliser en classe lors d’une activité collective de recherche suscitée par l’enseignant. Ainsi les élèves participent à la création des documents de la classe.

Vers un environnement numérique distant d’accès permanent

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Déposés sur le réseau local de l’établissement, les documents et ressources n’étaient accessibles qu’aux utilisateurs physiquement présents dans ce même établissement. En ouvrant le réseau à l’extérieur (extranet), on permet l’accès aux documents de divers endroits (nomadisme).

Pour leur facilité d’utilisation, de synchronisation et de partage, de nombreux enseignants se sont tournés vers les espaces de stockage mutualisés tels que Dropbox, Google Drive ou l’alternative libre ownCloud [6]. Ils l’utilisent pour leurs besoins personnels, les échanges avec leurs collègues mais également avec leurs élèves lors d’activités scolaires. Cependant utiliser les services d’un prestataire privé avec des mineurs nécessite des précautions en matière de confidentialité et de protection des données personnelles.

Les Espaces numériques de travail (ENT  ) [7] ainsi que les plateformes de formation à distance   (ou LMS Learning Managment System ) [8] qui y sont souvent intégrées ou associées, offrent, parmi leurs services, des espaces de mutualisation de documents et de partage de favoris… Ils garantissent un accès sécurisé dans un cadre éducatif. Les LMS permettent d’intégrer les ressources au sein de parcours pédagogiques et autorisent le suivi individualisé des élèves dans l’acquisition des compétences.

Par ailleurs, en équipant les élèves d’appareils mobiles connectés (ou en utilisant ceux qu’ils possèdent) on éclate les temps d’apprentissages et on assure un continuum Avant-Pendant-Après le cours. En effet, en délocalisant l’accès aux ressources, on favorise le nomadisme. Et en permettant un accès aux ressources à tout moment, y compris au moment des sorties ou voyages scolaires, on favorise la mobilité.

[1Amené à devenir Centre de connaissances et de culture (CCC)

[2Les informations sont classées selon l’ordre antéchronologique de leur parution. Il n’est malheureusement pas possible de les organiser autrement et de rubriquer les actualités dans un même magazine

[3Il s’agit d’une démarche pédagogique, si possible concertée dans l’établissement (guidée par le professeur disciplinaire et le professeur documentaliste), en utilisant par exemple la grille QQCOQP (Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ?).

[4Voir le tableau comparatif de quelques outils de curation sur SocialCompare.

[6OwnCloud doit être installé sur un serveur web.

[7Dans l’académie de Créteil, les ENT utilisés sont Lilie, ENT77, Celi@ et le Cartable en ligne.

[8Les LMS les plus utilisés sont Moodle, Dokéos, Claroline, Chamilo.