Aurasma : des pistes pédagogiques

La réalité augmentée en classe … et en dehors

La réalité augmentée   ou RA (Voir l’article Vous avez dit "Réalité augmentée" ?) est déjà utilisée dans de très nombreux domaines : loisirs, tourisme, presse et édition, transports, marketing et publicité, industrie… Elle sert également à la mise en oeuvre d’applications militaires, médicales et fait aujourd’hui son entrée dans le domaine pédagogique.

Certes on utilise déjà en classe certaines des applications qui exploitent la réalité augmentée [1] mais avec Aurasma on peut aussi la créer !

Application mobile et service en ligne

Aurasma (http://www.aurasma.com), c’est tout d’abord une application mobile permettant de « lire » la réalité augmentée   réalisée spécifiquement pour cette application. Elle permet également de créer sa propre réalité augmentée.
Incruster une image ou une vidéo sur un élément du réel depuis son smartphone   ou sa tablette devient alors possible ! Cet ensemble "incrustation virtuelle – élément déclencheur (appartenant au réel)" constitue ce qu’on appelle une Aura.
Avec l’application Aurasma, on peut ainsi créer, partager et lire des Auras [2].

Les utilisateurs plus exigeants peuvent également utiliser le service en ligne Aurasma Studio. Il permet tout à la fois de réaliser des Auras avec animations 3D, Gif animés ; de multiplier les incrustations pour un même élément déclencheur ; et de définir quelques actions spécifiques sur chaque élément virtuel ajouté.

L’outil, au fort potentiel, est disponible gratuitement. La seule limite est l’imagination de l’utilisateur...

De multiples possibilités d’enrichissement

Bien que les éléments virtuels, qu’on ajoute au réel, se limitent à trois types de média (images fixes, vidéos et animations 3D), les possibilités d’enrichissement sont multiples.

… par la vidéo

On peut enrichir un document papier avec une vidéo, notamment pour compléter les explications.
La vidéo s’avère très utile pour décrire un phénomène complexe ou visualiser une procédure à mémoriser en découpant les différentes étapes, les gestes techniques successifs (protocole de sciences expérimentales, figures à réaliser en EPS…). Elle peut également être utilisée pour cibler un point méthodologique (réalisation d’un graphe, construction d’une carte heuristique  , calcul d’échelle...) ou faire un rappel de connaissances (vocabulaire, règles de grammaire...).

… par l’image

Lorsque les images utilisées ont un fond transparent, on peut vraiment parler d’incrustation. On conserve à l’écran une visualisation du réel sur lequel vient s’ajouter (s’incruster) l’élément virtuel qui semble alors se fondre à la réalité. Cette astuce est généralement proposée pour la schématisation ou la légende d’une photographie, pour pointer les éléments spécifiques à observer ou pour appliquer sur le travail de l’élève une proposition de corrigé.

Par l’intermédiaire d’Aurasma Studio il est possible d’ajouter des gifs animés ou des animations en 3D. Ainsi les schémas explicatifs deviennent dynamiques. On perd cependant le contrôle sur l’animation qui semble accélérée et dont les couleurs et la transparence sont parfois modifiées.

Par ailleurs, l’image incrustée peut être une image, au sens strict, mais aussi l’image d’un texte. On offre ainsi aux élèves la possibilité d’afficher sur leur appareil mobile, les consignes à respecter ou un ensemble d’aides à consulter en rapport avec le document déclencheur.

… par l’audio ou presque

Incruster un fichier audio n’est pas encore possible avec Aurasma. L’astuce est d’utiliser un fichier vidéo sonorisé dont l’image est fixe (un logo, une consigne écrite, ou la source de l’enregistrement) puis d’en réduire la taille au moment de l’incrustation. De cette manière, la description du document, la consigne ou l’aide parait orale.

Divers éléments déclencheurs

Un élément déclencheur peut être un texte ! Attention, on ne parle pas ici
(malheureusement) de reconnaissance de caractères comme le ferait un logiciel d’OCR, mais plutôt de la reconnaissance de l’aspect visuel du texte, voire de la phrase... Aurasma est en effet capable de reconnaître la structure (la mise en page) d’un texte.
Ainsi, un texte peut déclencher l’apparition d’une image, d’une vidéo... On peut ainsi l’illustrer, offrir une (ou plusieurs avec Aurasma Studio) traduction(s), l’associer à un enregistrement audio pour en faciliter la lecture ou la traduction.

Si techniquement il est possible d’enrichir chaque page d’un livre de son complément audio, la réalisation peut cependant vite devenir fastidieuse, principalement si on n’utilise Aurasma que sous sa version mobile. De plus, cela impose le choix de l’édition et du format du livre afin que la reconnaissance soit toujours fonctionnelle. On peut plus facilement envisager d’utiliser uniquement la couverture du livre qui en déclencherait la "lecture".

Si classiquement, on utilise des images ou textes comme éléments déclencheurs, il est aussi possible d’effectuer de la réalité augmentée à partir d’objets réels. Ces derniers doivent présenter une surface facilement reconnaissable pour déclencher l’Aura. C’est le cas des appareils utilisés au laboratoire (multimètres, oscilloscopes...) qui seront ainsi associés à leur mode d’emploi par réalité augmentée. On peut en faire de même sur tout autre objet.... il suffit de tester.

Des paramètres intéressants

Les Auras sont géolocalisables. Si initialement cette option est utilisée pour le partage des Auras, elle permet également de limiter leur déclenchement à un lieu précis. L’établissement, par exemple. Ainsi, l’élève ne pourra consulter l’incrustation que dans son établissement. On peut également utiliser la géolocalisation lors des sorties sur le terrain. Cependant les Auras en milieu extérieur sont trop souvent tributaires des variations météorologiques qui influent sur le contraste et la reconnaissance de l’élément déclencheur.

Grâce à Aurasma Studio, on peut associer diverses actions aux incrustations. Par exemple, on peut pointer vers un lien internet, déclencher ou stopper une autre incrustation... Pour un même élément déclencheur, on offre ici à l’élève une navigation alternative. Il accède à une ressource spécifique en fonction du choix qu’il a effectué, il obtient un complément adapté en fonction de la réponse qu’il aura choisie... On différencie les apprentissages.

Via Aurasma Studio, il est possible également de limiter dans le temps l’accès à l’Aura. On peut la rendre uniquement disponible certains jours de la semaine, l’autoriser à partir d’une date et/ou heure précise, ou au contraire, l’interdire un jour particulier. De quoi adapter la réalité augmentée aux rythmes scolaires.

Les Auras que l’on crée peuvent être réunies dans des chaînes auxquelles s’abonnent les utilisateurs. On peut créer autant de chaînes que l’on veut [3]. Leur avantage est de pouvoir associer les Auras à un manuel scolaire (une discipline, un niveau), à une activité particulière (une sortie ou une séance spécifique), à une classe voire à des groupes différenciés d’élèves qui se verront alors proposer des ressources différentes en fonction de leurs besoins.

Une chaîne n’est pas figée. Au fur et à mesure de l’ajout de nouvelles Auras, les abonnés les recevront automatiquement sur leur appareil. La chaîne est donc évolutive et peut suivre une progression annuelle.

Les Auras mieux que les codes QR ?

Classiquement, l’élément déclencheur d’une Aura appartient à un document papier, qui peut être un document créé par le professeur et distribué aux élèves. Au delà de son effet Wahoo !, on peut se demander, dans ce cas précis, pourquoi utiliser la réalité augmentée plutôt qu’un code QR   [4], plus facile à mettre en œuvre [5]. Les trois situations suivantes justifient cette utilisation :

- Quand la contextualisation de l’enrichissement apporté est nécessaire, voire indispensable, notamment pour un schéma explicatif ou une correction superposée.
- Quand l’accès à Internet n’est pas disponible. En effet, après la première lecture d’une Aura, les éléments incrustés sont enregistrés dans la mémoire cache de l’appareil.Ainsi, dans la plupart des cas, inutile d’être connecté pour visualiser une nouvelle fois l’image ou la vidéo [6], ce qui n’est pas possible avec un code QR pointant vers une adresse internet. Sans accès au Web, les liens sont rompus.
- Quand la pose de codes QR n’est pas possible, comme c’est le cas pour le manuel de la classe [7] ou lors d’une sortie dans un musée par exemple.

Pour et par les élèves ...

L’utilisation d’Aurasma pour créer des Auras n’est pas limitée à l’enseignant. Plusieurs situations offrent la possibilité de proposer aux élèves de réaliser de la réalité augmentée. Par exemple, lors de la conception d’une exposition, on enrichit ainsi les affiches. En histoire des arts, on peut proposer aux élèves de s’approprier les œuvres par l’intermédiaire de la RA. Au CDI, ils peuvent contribuer à la présentation des œuvres...

[1C’est le cas notamment en sciences, comme le montrent les exemples proposés par le site de SVT de l’académie de Créteil.

[3Cette fonctionnalité a malheureusement disparu de la nouvelle version d’Aurasma Studio.

[4Si, comme la réalité augmentée, le code QR permet d’enrichir la réalité, il ne répond pas à la définition de la réalité augmentée

[5De plus, l’incrustation de ressources dans une Aura doit se faire dans le respect de la législation relative au droit d’auteur, ce qui est moins problématique en réalisant un simple lien directement vers les ressources.

[6Cela nécessite néanmoins que la manipulation soit préalablement effectuée sur chaque appareil

[7Dans ce cas, il est cependant possible de distribuer un document annexe sur lequel chaque ressource disponible dans le livre est associée à un code QR.